BONNE ANNEE...

Et oui, c'est la traditionnelle période... Celle où l'on débite de façon rituelle ces deux mots convenus... à la chaîne, comme un boucher de supermarché débite du boudin dans un labo une veille de réveillon ! Peu m'importe de savoir d'où vient cet incontournable exercice imposé (je ne parle plus du boudin, là !). Nul besoin. Mais ils sont partout ces deux mots : à la télé, dans les magazines, sur internet, sur les paquets de Corn-flakes, les autobus, les devantures de magasins, les illuminations (nucléaires) publiques...

" B.o.n.n.e....A.n.n.é.e " ! En fait, j'admets le conformisme de cette formule, alors que je viens de faire comme une large majorité d'entre-nous : pour la Saint Sylvestre, j'ai réveillonné, fait la fête, vêtu de mes fringues les plus belles, bien que trop serrées !

Alors oui, à partir de 00h00, le 1er de l'an, j'ai prononcé cette fameuse formule... plein de fois ! Il y avait là des amis, des connaissances et quelques personnes que je n'avais jamais vues quelques dizaines de minutes auparavant... On s'est fait la bise, comme si on était tous de vieux potes, dans les cris, les trompettes, les cotillons et la liesse, le ventre gavé de petits fours, de salades multicolores, de morceaux de bêtes mortes et de breuvages-à-consommer-avec modération-sauf-ce-jour-là...

Dans ces moments-là, personne ne s'interroge trop sur cet énorme privilège que représente ce rituel : par exemple, en bons occidentaux décadents, nous ne pensons surtout pas aux millions d'êtres humains pour lesquels une simple boîte de petits pois représente un concept abstrait, un pur fantasme ! Pourquoi ? Tout simplement parce que nous sommes formatés ainsi : ce jour-là on oublie tout, encore plus qu'à l'accoutumée, pour ne tendre que vers un seul objectif : consommer (cons sommés ?), manger, boire, se défouler... Le monde continuera à tourner, tant bien que mal, mais le soir du réveillon, alourdi par le foie gras, le champ' et le parfait au chocolat, nos fringues un peu moins bien repassées qu'en début de soirée, nous nous sommes tous jetés dans les bras les uns les autres... En partie afin d'occulter le fait qu'on enterrait l'année précédente, et avec elle nos loupés, nos bleus à l'âme, la crise et tout et tout...

En fait, ce n'est pas si facile à encaisser un réveillon de jour de l'an (et je ne parle pas que d'un point de vue hépatique ou stomacal) : oui, c'est aussi une dure épreuve morale, le moment où l'on sait, où l'on sent, plus ou moins consciemment, qu'on vient de prendre un tour au compteur. Que le temps, inexorablement, grignote notre capital de life, comme les radars routiers nos points de permis...

On a presque tous les mêmes problématiques, quand l'on tend l'oreille : la nouvelle année va-t-elle être meilleure ou pire ? Guerres, attentats, carnages scolaires... ou pas ? Marchés financiers ? Catastrophes naturelles ? Johnny Hallyday va-t-il survivre à Jean-Paul Belmondo ? Ma boîte va-t-elle licencier ou non ? Où vais-je partir en vacances cet été ? Est-ce que le fiston va plus cartonner en maths qu'en SVT ?

Et puis, passés ces instants entrecroisés de libations et de bilans, les jours se remettent à défiler, la routine se réinstalle dans notre quotidien, afin d'alimenter en souvenirs et en expériences nos cerveaux dociles, lesquels referont le bilan dans un an, inlassablement, enfin on l'espère... Ca nous démontrera à nouveau que durant douze mois on a peut-être évolué, vieilli, mûri... et qu'on fait partie des survivants !

Alors, en attendant, on se remotive, on se booste. On se dit, en êtres civilisés, modernes et normaux que nous sommes, que l'on va attaquer en ce début d'année un nouveau "premier jour du reste de notre vie", mais qu'on va le faire intelligemment : en corrigeant certaines choses perfectibles, pour évoluer dans le bon sens, moins souffrir, paraître aux yeux des autres, qu'on les aime ou non... Du coup pour les en convaincre, plus que nous-mêmes, on prend des résolutions qui, si elles étaient réellement tenues, seraient de véritables secousses sismiques dans nos vies. Imaginez comment ce serait affreux, chiant, si nous tenions tous nos résolutions de début d'année... Plus de tabac, du sport à outrance, plus de picole, une rigueur à toute épreuve, à la maison, au boulot. Argh !!! Une vraie vie de merde, aseptisée et triste !!!

Heureusement, ça ne dure que quelques heures, quelques jours, ces idées de révolution, à l'instar de la teuf du réveillon, où l'on aime tout le monde, où il n'y a plus d'ennuis, où l'on ne dit pas du mal des uns et des autres, où l'on se montre notre dernier Smartphone sans se jalouser, où l'on se fait péter la panse sans nous inquiéter de notre taux de cholestérol...

Oui, en fait, c'est ça : un seul jour à tenir, à être heureux, insouciant ! C'est moins difficile que si c'était le contraire... S'il fallait passer 364 jours à être ivre de bonheur, bienveillants avec tout le monde, si l'on pouvait manger, boire, fumer, baiser, faire n'importe quoi... sauf le premier jour de l'année... on ne tiendrait pas, forcément ! Alors ce rituel du jour de l'an est une sorte de carnaval, durant lequel l'on exorcise nos démons, l'on se défoule, s'illusionne de bonheur, pour ne pas se rappeler qu'il y a ensuite 364 jours à en chier ! Alors, comme dit Benoît Poelvoorde : BONNE ANNEE, MON CUL !

Bon, je ne veux quand même pas vous gâcher vos derniers souvenirs de fiesta, alors je vous souhaite juste de ne pas avoir trop de choses à digérer ou à refouler à la prochaine Saint Sylvestre ! Et... ANNEE NORMALE à tous !

HO









1 commentaire:

  1. Un réveil en fanfare !!!
    Allez, tant pis, à mes risques et périls :
    Bonne année 2013 !!!

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