Sans exigences... matrimoniales !
...en 1977, Brel a écrit "sans exigences", qui reprend cette idée de "solitude à deux", solitude d'autant plus ressentie que le poète la considère comme une chance, peut-être parce que l'instinct de vie est plus fort que l'instinct de mort...
Extrait de "Brel et l'ironie" de Amina El fassi - Ed. L'Harmattan - 2006
SANS EXIGENCES
Je n'étais plus que son amant
Je vivais bien de temps en temps
Mais peu à peu de moins en moins
Je blasphémais ma dernière chance
Au fil de son indifférence
J'en voulais faire mon seul témoin
Mais j'ai dû manquer d'impudence
Car me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins
Je protégeais ses moindres pas
Je passais mais ne pesais pas
Je me trouvais bien de la chance
A vivre à deux ma solitude
Puis je devins son habitude
Je devins celui qui revient
Lorsqu'elle revenait de partance
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins
L'eau chaude n'a jamais mordu
Mais on ne peut que s'y baigner
Et elle ne peut de plus en plus
Que refroidir et reprocher
Qu'on ne soit pas assez au soleil
L'eau chaude à l'eau chaude est pareille
Elle confond faiblesse et patience
Et me voyant sans exigences
Elle me voulait sans merveilles
De mal à seul, j'eus mal à deux
J'en suis venu à prier Dieu
Mais on sait bien qu'il est trop vieux
Et qu'il n'est plus maître de rien
Il eût fallu que j'arrogance
Alors que tremblant d'indulgence
Mon cœur n'osât lever la main
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins
Elle est partie comme s'en vont
Ces oiseaux-là dont on découvre
Après avoir aimé leurs bonds
Que le jour où leurs ailes s'ouvrent
Ils s'ennuyaient entre nos mains
Elle est partie comme en vacances
Depuis le ciel est un peu lourd
Et je me meurs d'indifférence
Et elle croit se couvrir d'amour.
Paroles : Jacques Brel. Musique : Jacques Brel, François Rauber - 2003 "Brel infiniment" © Barclay / Universal.
Note : inédit enregistré en 1977 ; note figurant sur la compilation de 2003 : "chansons non abouties que Jacques Brel et nous-mêmes désirions remanier, raison pour laquelle elles n’ont jamais été divulguées" (François Rauber, Gérard Jouannest).
du grand Jacques...comme on l'aime!
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