FABRICE LEBAR...
La Fusion, au propre comme au figuré !
Inutile d’aller bien loin pour s’évader. C’est le cas lorsqu’on tombe sur Fabrice Lebar, sculpteur, fondeur d’art et peintre de son état, né à La Rochelle et établi à Mornac-sur-Seudre... Quelques heures passées à son atelier et on ressort transformé, comme envoûté : on vient d’entrer en collision avec une autre dimension, celle d’un artiste pas banal... d’un poète bâtisseur ! Attention aux yeux : récit visuel...
Tout petit déjà...
L’Art, selon Fabrice Lebar, c’est avant tout le regard que l’on pose sur les choses. La création découle de la façon de s’émouvoir, de percevoir. Le bonhomme dit l’avoir toujours ressenti ainsi, avant même d’entrer en contact avec les formes et la matière...
La taille de pierre dès seize ans, les Monuments historiques, la fonderie d’art... Après ces "gammes", Fabrice se lance un temps dans le commerce, avec succès. Mais sa vraie nature reprend vite le dessus : "J’avais l’impression de passer à côté de ce que j’étais... et puis moi, ce qui m’intéresse c’est l’inconnu, pas le connu !". Il réalise donc son envie secrète : sculpter ! Il fait alors le praticien, l’artisan, en travaillant pour une quarantaine de sculpteurs ou fondeurs d’art. Il accumule un savoir-faire. Petit à petit son travail "monte", les prémices de son œuvre émergent. Au fil des années il "rencontre sa clientèle", participe à des concours, reçoit des prix, jusqu’au plus récent : le prix des Mouettes 2008 (1er prix de sculpture) décerné par le Conseil Général de la Charente-Maritime.
De la technicité à la maturité
Sa matière de prédilection en sculpture est de toute évidence le métal. Quand on lui en demande la raison, voici ce que répond Fabrice : "Cela a été un coup de cœur... Un jour, par hasard, j’ai poussé la porte d’atelier d’un fondeur d’art auquel j’ai proposé mon aide gratuitement. Le gars a accepté. Ce premier contact n’a pourtant pas été concluant et je me suis même dit : Plus jamais ça ! C’était un vieil atelier, une fonderie au sable, on bouffait de la fumée, c’était crade... J’ai alors compris qu’en sculpture c’était le bronze le métal noble, juste derrière l’or et l’argent. Par les armes et la monnaie, le bronze appartient en effet à une mémoire collective. Et surtout c’est un multiple, au niveau de la législation des œuvres d’art : on a le droit de reproduire une œuvre en huit exemplaires originaux dans une échelle donnée, plus quatre autres dits d’artiste. Cela implique qu’on peut appliquer à une œuvre d’art une stratégie commerciale tout en conservant la dimension artistique...".
Après ce premier essai, Fabrice effectue un stage chez un autre fondeur d’art. Ce dernier lui dit "Toi, t’as la fusion !". Et effectivement la première fois que Fabrice verse le métal en fusion dans le moule (température : 1200°), il "ressent un truc..." : "C’est passé à travers ma colonne vertébrale... une sorte d’animalité, comme quand tu rentres en amour !". La suite ? Elle est dictée par son côté pugnace : en quinze ans, après s’être donné les moyens de sa passion, il parvient à la maîtrise... car comme il l’explique : "dans ce métier, il faut dix ans pour acquérir et dix ans pour dépasser !".
Son œuvre est un mélange de finesse, de grâce et de poésie, un univers onirique incroyable, qui transparaît jusque dans ses commentaires : en expliquant la sculpture, le moulage, la fonte, la cuisson, ou encore ce qu’est la cire perdue, en décrivant sa façon de "laisser flotter une idée" avant de la mettre à exécution, de s’en débarrasser par la création, notre lascar a l’œil qui pétille, la voix qui chante ! Il communique "l’étincelle" et on comprend ce qu’il entend en parlant de son œuvre avec des termes tels que "voyage, invitation, regard, alphabet de formes..." : Il est ses créations et Elles sont lui !
Une autre facette...
Mais l’artiste n’est pas que cela : il a récemment ouvert une autre porte de son jardin secret : la peinture. Cet univers a rejoint le premier et le complète désormais... : "C’est mon Monde, ça avance... Mes acquis me permettent de ne plus me poser les questions techniques et je trouve les solutions plus rapidement... Je peux me laisser embarquer au fil de mes balades ! Et tant mieux si cela me permet de vivre... non pas de mon art, mais du produit de mon art !".
Le résultat est là : ses toiles, dans un savant mélange de réalité et de poésie, nous transportent entre coques de bateau et inscriptions maritimes, graffitis et taches de rouille, rivets et tags... entre milieu côtier et urbanité. Tous les sens sont sollicités, même, avec un peu d’imagination, l’odorat... car l’océan n’est jamais loin dans l’œuvre de notre mornaçon.
Citation de Fabrice Lebar :
Prendre un chemin, ignorer sa destination,
Placer des signes, immobiles...
Se jouer des contraintes.
L’échange s’installe,
Cette nourriture prolonge le voyage...
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